CHUYỆN “LIÊN MINH ” CỦA TÀU(TẬP) VÀ CAM BỐT (HUN SEN)-BÁO LIBÉRATION
Chine-Cambodge : une alliance en eaux troubles
Par Arnaud Vaulerin — 28 janvier 2019 à 20:06
Báo Liberation
Tandis que Xi Jinping et Hun Sen renforcent leurs relations politiques, Washington suspecte Pékin de construire une base militaire navale au large de Sihanoukville.
En Asie du Sud-Est, c’est le grand ami des Chinois. Et durant trois jours, il a été choyé. Du 20 au 23 janvier, le Premier ministre du Cambodge, Hun Sen, a été l’invité d’honneur du président Xi Jinping. Venu demander des nouveaux investissements pour son pays, l’homme fort du Cambodge est reparti avec 588 millions de dollars (515 millions d’euros) que Pékin a promis de verser à Phnom Penh jusqu’en 2021. Les deux amis ont convenu «d’augmenter le volume de leur commerce bilatéral pour atteindre 10 milliards de dollars en 2023», selon les termes du communiqué. Cela fait les affaires de Hun Sen, devenu le mouton noir de l’Occident après avoir annihilé l’opposition, organisé une farce électorale en juillet et fait main basse sur les ressources du pays depuis trente-trois ans qu’il est au pouvoir.
«Comptoir»
La Chine s’est, elle, trouvé un petit allié précieux, sinon servile : à la demande de Pékin, Hun Sen a rejeté toute idée d’indépendance de Taiwan, comme le stipule la déclaration conjointe. La Chine n’est pas mécontente de cette entente commerciale. Avec son projet planétaire des nouvelles routes de la soie, Xi sait qu’il peut compter sur Hun Sen pour «renforcer la coopération pragmatique» de l’Initiative ceinture et route, l’autre nom du grand dessein chinois. Et disposer d’un nouveau «comptoir», via le port de Sihanoukville, pour contrôler les voies commerciales du détroit de Malacca et assurer son hégémonie sur la mer de Chine. Certes, cette «relation très spéciale», selon Hun Sen, «forgée en acier», d’après l’ambassadeur chinois au Cambodge, Wang Wentian, n’est pas nouvelle. La Chine a toujours été très présente dans la région. Ses investissements sont colossaux : entre 1994 et 2017, elle a déversé plus de 12,5 milliards de dollars pour les infrastructures et l’industrie. Depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, fin 2012, les liens se sont encore renforcés. Avec 200 investisseurs chinois, le Président est venu en visite officielle au royaume cambodgien en 2016, l’année où les deux pays entamaient leur premier entraînement militaire commun. En juin dernier, les Chinois débloquaient une aide de 100 millions de dollars pour moderniser l’armée. Ces rapprochements militaires nourrissent des inquiétudes sur le rôle joué par Pékin dans le golfe de Thaïlande.
Polémique
En novembre, le site Asia Times assurait qu’une base chinoise navale de 45 000 hectares, avec un port en eaux profondes, était en cours de construction sur l’île de Koh Kong, au large de Sihanoukville. La révélation avait été jugée assez sérieuse par le vice-président américain, Mike Pence, pour qu’il se fende d’une lettre à Hun Sen. «La Constitution du Cambodge interdit la présence de troupes étrangères ou de bases militaires sur son territoire», avait répondu le Premier ministre pour éteindre la polémique et rassurer le gendarme américain. Toujours est-il que des travaux, évalués à 3,8 milliards de dollars et menés par Tianjin Union Development Group, sont bien en cours. La compagnie chinoise a commencé le chantier en 2008 et dispose d’une concession de quatre-vingt-dix-neuf ans.Arnaud Vaulerin
Au Cambodge, macadam et nouveau Macao
Par Arnaud Vaulerin,
envoyé spécial à Sihanoukville (Cambodge) — 28 janvier 2019 à 20:06
Vitrine de la nouvelle route de la soie, l’ancienne cité balnéaire Sihanoukville est devenue une enclave chinoise : Pékin y a injecté plus de 1 milliard de dollars en deux ans et dopé la croissance annuelle.
Le long ruban de bitume n’en finit plus de s’échapper vers le sud et le Pacifique. L’effervescence maîtrisée de Phnom Penh a laissé place au tohu-bohu des klaxons, aux pétarades des tuk-tuks et des motos qui dévalent la nationale 4, frôlés par des 4 × 4 et une noria de camions pressés. Ils croulent sous leurs cargaisons de graviers, briques, poutres, citernes et conteneurs aux inscriptions en chinois et khmer. Tout ce petit monde se faufile, se double, se dépêche. La RN4 est un aspirateur pour Sihanoukville l’insatiable.ADVERTISINGinRead invented by Teads
Jadis bourgade balnéaire mythique pour les Cambodgiens qui venaient en villégiature pour la fête de l’eau et le nouvel an, elle était perçue comme une belle endormie, dans un «angle mort» du royaume. Mais la ville de 150 000 habitants est en train d’exploser, de muter dans les grandes largeurs. Sihanoukville est devenu un puissant aimant à capitaux et à travaux. Une folle excroissance investie par des dizaines de milliers de Chinois qui travaillent nuit et jour dans cette cité enfiévrée par l’appât du gain, la frénésie immobilière et l’illusion de l’argent facile miroitée. Sihanoukville est une machine à cash : sur 1,3 milliard de dollars (1,1 milliard d’euros) investi dans la ville entre début 2016 et mars 2018, 1,1 milliard était d’origine chinoise, selon l’agence Bloomberg. Nouvel aéroport, grande autoroute vers Phnom Penh, la capitale, à 225 kilomètres au nord-est, mini-Chinatown… des compagnies d’Etat et des sociétés privées chinoises sont engagées dans des projets d’infrastructures à hauteur de 4,2 milliards de dollars sur toute la côte sud du Cambodge.
Sihanoukville est un «dragon». Mieux, la «tête du dragon de tout le pays», assure Y Sokleng, placide gouverneur de la ville qui, tout sourire, convoque l’animal emblématique de la civilisation chinoise. Dans son grand bureau surclimatisé aux murs blancs immaculés, le haut fonctionnaire, nommé par le gouvernement, se frotte les mains : «Les investisseurs chinois vont pousser l’économie du Cambodge et ça va profiter à tout le monde : le corps du dragon, c’est-à-dire Phnom Penh, comme la queue de la créature, à savoir le nord du pays, avec Siem Reap et les temples d’Angkor, ainsi que les collines de Mondolkiri[dans le nord-est, ndlr].» La ville évolue à 8 % de croissance, plus d’un point supérieur à la moyenne nationale.
Blackjack et mini-jupes
Le dragon se porte déjà très bien. A Sihanoukville, dans cet improbable far-west asiatique qui dévore la campagne et ravage des plages, des hôtels de quarante étages jaillissent de terre en un an. Quatre établissements cinq étoiles ont ouvert (Prince Times, Xihu) et affichent souvent complet. Des restaurants avec menu en mandarin ont fleuri par dizaines pour accueillir ouvriers, touristes, hommes d’affaires. Idem pour les échoppes clinquantes, les supérettes garnies et les bouis-bouis de rue qui crachent de la vapeur huileuse. Sans oublier les centaines de tables de baccara, de blackjack et de poker qui pullulent avec les hôtesses en mini-jupes noires et boléros rouges dans les salons des casinos, comme au Jin Bei.
Au nord de Sihanoukville, la zone économique spéciale (ZESS), avec ses usines textile et ses dizaines de milliers d’ouvriers, ne cesse d’avaler des terrains sauvages depuis 2012. A l’une de ses entrées sur la RN4, un portail-chapiteau bleu souhaite la bienvenue en khmer, en mandarin et en anglais. La ZESS, plus grand parc industriel du Cambodge, a largement contribué à la grande métamorphose de Sihanoukville. Une centaine d’usines produisent du textile, des chaussures, de la quincaillerie, des machines, des produits en bois. A terme, sur plus de 11 kilomètres carrés, 300 entreprises seront hébergées aux portes de la ville et donneront du travail à 100 000 personnes. «Bien que ces usines, censées appartenir à des sociétés chinoises, emploient des Cambodgiens, elles ont fait venir également des milliers de ressortissants chinois en tant que superviseurs, gestionnaires, comptables, ingénieurs et spécialistes de la logistique», explique Andrew Klebanow, associé principal au sein du cabinet de conseil Global Market Advisors de Las Vegas, notamment spécialisé dans l’économie du jeu et du tourisme. «Ces expatriés vivent et travaillent à Sihanoukville, alimentant le développement de copropriétés. Et ils jouent probablement au casino. Par ailleurs, ces usines génèrent des voyages d’affaires. Les cadres, les consultants et les vendeurs visitent ces usines et exigent un hébergement de qualité. Cela augmente la demande de logement, analyse-t-il. Et ces visiteurs auront besoin de restaurants et de divertissements de qualité, notamment de jeux de casino. Je n’ai jamais rien vu de tel. L’ampleur de ces projets est énorme.»
Plus à l’ouest, le port en eaux profondes construit par les Français au lendemain de l’indépendance (1953) allonge ses docks pour accueillir des conteneurs. Et parfois des bateaux militaires : début janvier, trois vaisseaux de guerre de la trentième flotte d’escorte navale chinoise ont jeté l’ancre pendant quatre jours pour une visite «amicale» (lire page 11). Sihanoukville est appelé à devenir l’une des cités maîtresses de la nouvelle route de la soie, ce colossal projet de mondialisation à la chinoise pensé par le président Xi Jinping et lancé officiellement depuis 2017. Car Sihanoukville est une vitrine stratégique pour l’Initiative ceinture et route – l’autre nom de la nouvelle route de la soie -, idéalement située près du détroit de Malacca, ce corridor commercial et énergétique vital pour Pékin.
Des croupiers devant l’Oriental Pearl Casino, le 10 octobre à Sihanoukville, au Cambodge. PHOTO THOMAS CRISTOFOLETTI. RUOM
Poussière ocre
La machine s’est emballée. Pour mesurer la fièvre dans la fourmilière, il suffit de monter sur le toit-terrasse de l’hôtel-casino la Vogue, bâti en bordure de mer. Du bar chic et blanc, on perçoit la métamorphose : prairies arasées, collines déboisées et toute la ville hérissée d’échafaudages, coiffée par des grues, sillonnée par des bétonneuses et goudronneuses. Et, souvent en suspension, une tenace poussière ocre qui semble filtrer la lumière du soleil de janvier quand elle ne s’infiltre pas partout. Le centre se parcourt par des rues défoncées, entre les tranchées, les tuyaux, les pylônes et les câbles. Les touristes occidentaux, les routards qui jadis fainéantaient sur les plages du centre-ville ont fui, se réfugiant sur les îles voisines. «Aucun quartier n’est épargné,constate, médusé, l’architecte français Yvon Chalm, qui partage ses activités entre Phonm Penh et Sihanoukville depuis une dizaine d’années. Le chantier est généralisé, la ville est un chantier.»
La route devant le gouvernorat n’échappe pas à la règle. Deux pelleteuses et cinq camions encombrent la cour du bâtiment ancien qui fait presque figure d’antiquité dans cette ville qui pousse, s’élève et se met à briller. Dans son large fauteuil en cuir, le gouverneur Y Sokleng parcourt un épais dossier de candidature pour un immeuble de vingt étages qui attend sa signature. Le projet ne dépasse pas une superficie de 500 mètres carrés, c’est de sa compétence. Au-delà et jusqu’à 3 000 mètres carrés, la province décide. Après, c’est le gouvernement, à Phnom Penh, qui valide. Ce millefeuille administratif explique probablement pourquoi Y Sokleng peine à comptabiliser les flux de population, les hôtels construits, les projets en cours, et à définir les contours d’une ville qui déborde et se dérobe. Il assure que «Sihanoukville va considérablement changer de visage dans les deux ans qui viennent, quand les gros travaux seront finis». Sans aucun doute. Derrière ses lunettes sans monture, il se félicite que les «relations soient excellentes entre la Chine et le Cambodge».
Fin janvier, le Premier ministre cambodgien, Hun Sen, a été reçu durant trois jours par un Xi Jinping soucieux de choyer un allié très arrangeant en Asie du Sud-Est. Avant de repartir avec des aides sonnantes et trébuchantes pour «développer son économie, ses infrastructures routières et énergétiques», selon les termes du communiqué. Une visite bénéfique et gagnant-gagnant pour accélérer l’essor des nouvelles routes de la soie. Au gouvernorat, Y Sokleng s’amuse à raconter que les «Chinois travaillent vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour construire un grand hôtel en un an quand il faut deux années aux Cambodgiens». Le gouverneur est un homme convaincu et pressé : «On dit toujours que le Cambodge est en développement. Maintenant, il faut que l’on voie ce développement.»
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Sihanoukville, avec ses 88 casinos (où les Cambodgiens n’ont pas le droit de jouer), ses 40 000 Chinois officiellement répertoriés (ils seraient deux fois plus dans la région), ses quartiers où l’on ne parle que mandarin, a été rebaptisé «Macao II». Une «colonie», une «enclave» chinoise en territoire khmer, comme on l’entend souvent dans la bouche de Cambodgiens inquiets dans tout le royaume. Y Sokleng sourit : «La province est l’une des plus riches du pays, rappelle-t-il. Et il n’y a pas que des casinos, ici. N’oubliez pas le port en eaux profondes, les industries, l’agriculture, le tourisme.» L’architecte Yvon Chalm souscrit à l’analyse. Et atteste de l’emballement à son propre niveau, allant jusqu’à évoquer des difficultés «à suivre toutes les demandes» malgré de nouvelles embauches dans l’agence ACYC qu’il dirige : «Il y a dix-huit mois, nous construisions des maisons. Maintenant, ce sont des immeubles de 70 à 100 appartements.» Il prédit que la cité va atteindre les 2 millions d’habitants dans les deux prochaines années et devenir une vraie métropole. «Cette ville est forte, puissante, avec un potentiel énorme, comme Shenzhen en Chine, voire New York.»
«Petite colonisation»
Cet après-midi, Vann Sok Heng est fier de faire visiter son école, qu’il a créée en 2014. A peu près au même moment où la ville commençait à s’éveiller. Dans un bâtiment un peu décati du centre-ville, il accueille 300 enfants, dont une partie de Chinois. Ça tombe bien, il a lancé des enseignements en mandarin, dès l’âge de 3 ans. «Il faut préparer les élèves à travailler avec les Chinois», assure son adjoint en corrigeant des copies. Mais ce n’est pas le directeur d’école qu’on est venu voir, plutôt le dirigeant de la Fasmec, une fédération d’entrepreneurs cambodgiens. Il s’affiche en «optimiste». Mais sans l’emphase, entre nuances et interrogations sur l’avenir. «Oui, à première vue ça ressemble à une petite colonisation, en effet. Mais des Chinatowns, il y en a partout dans le monde, c’est la globalisation, c’est normal. Surtout, si on réfléchit bien, sans les Chinois, comment irait l’économie de Sihanoukville ? Les habitants de cette ville gagnent plus, vivent mieux aujourd’hui.» Régulièrement, il sillonne la «tête du dragon», reçoit les adhérents de la Fasmec, parle aux parents d’élèves, aux enseignants. Et, il constate que les «Chinois occupent tous les métiers : du blanchisseur au restaurateur, de l’ouvrier dans la construction à l’ingénieur, de l’homme d’affaires au touriste, du manager au vendeur de terrain». Il poursuit calmement : «Il faut trouver une solution pour partager le travail entre les Khmers et les Chinois. Il faut que les Cambodgiens se bougent et se mobilisent. Si la loi est là, on peut résister.»
En juillet, You Veasna a bien tenté de résister. Il a offert de quadrupler son loyer et de payer jusqu’à 2 000 dollars par mois au propriétaire khmer qui voulait vendre le terrain où était bâti son restaurant de dix-huit tables. Le restaurateur de 39 ans tenait à rester au très passant rond-point des deux lions dorés, au cœur de Sihanoukville. Le propriétaire n’a rien voulu savoir. Les 43 commerçants qui faisaient tourner le marché vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sur ce même rond-point, ont été priés de faire leurs valises. You Veasna croit savoir que les «2 hectares très cotés ont été vendus 80 millions de dollars à un riche Chinois». C’est peu probable car la loi cambodgienne interdit à un étranger de posséder plus de 49 % d’un terrain. Mais il peut acquérir la citoyenneté… En décembre, le marché de nuit a été rasé. Une dalle de béton a été coulée. Un manager français raconte la suite : «Je suis parti en vacances pendant quinze jours. Quand je suis rentré, quatre étages d’un vaste immeuble étaient déjà sortis de terre. C’est dingue. On dirait un rouleau compresseur, ça n’arrête jamais.» You Veasna a tenté de rebondir en centre-ville, mais «il n’y avait rien en dessous de 2 500 dollars pour un petit local».
Forfaits complets
C’est bien au-delà du port qu’il s’est échoué : longue et mal éclairée, la rue Tomnub Rolork est un couloir poussiéreux fréquenté par des camionneurs, des petits pêcheurs et des ouvriers. Comment vont les affaires ? Dans sa chemise à carreaux rouge, le restaurateur éclate de rire et écarte les bras en pivotant sur lui-même dans le grand hangar qui héberge ses fourneaux. «Regardez mes clients !» Autour de lui, les tables sont désertes. Il est 20 heures. Ce soir, trois personnes se sont arrêtées en coup de vent pour acheter du riz, un peu de légumes cuits et du poulet à emporter. Les calculs sont vite faits pour You Veasna : il gagne péniblement 750 dollars par mois auxquels il faut soustraire 500 dollars pour le loyer, puis déduire encore un peu pour l’électricité, l’eau et le salaire des deux employés à mi-temps… Difficile de survivre pour ce père de quatre enfants. «Si je n’avais pas d’économies, j’aurai mis la clé sous la porte. Je dois vite retrouver quelque chose ou changer de métier. Qu’est-ce qu’on peut faire, de toute façon ?»
Quand on regagne le centre-ville, vers la plage Otres, on double une longue file de camions-bétonnières à l’arrêt. Moteurs et phares allumés, ils font la queue pour aller déverser leur cargaison dans les entrailles d’un vaste immeuble à nu inondé de lumière par les halogènes. Derrière une palissade écrite en chinois, le peuple des petites mains du «dragon».Les uns avalent des bouillons, des grillades, sirotent des bières Angkor sur des tabourets de plastique à la lueur des néons. D’autres, dans l’ombre de l’hôtel-appartement Nanhai Pearl en chantier, se débarbouillent. Certains ont tendu des hamacs entre deux pylônes pour la nuit. Ils dormiront dans le bruit. Les grands travaux n’attendent pas. «Au moins une demi-douzaine d’hôtels-casinos vont encore ouvrir dans les deux prochaines années, reprend le consultant Andrew Klebanow. L’expansion actuelle de l’aéroport de Sihanoukville et l’essor des compagnies aériennes desservant les villes chinoises entraînent une demande touristique accrue. Et comme certaines de ces compagnies ont des intérêts dans ces nouveaux hôtels, elles proposent des packages et des forfaits complets avec vol, hébergement, restauration et jeux aux casinos.»
Certes, les touristes affluent : ils étaient 120 000 en 2017, quatre fois plus nombreux que l’année précédente. Mais «Sihanoukville attire toutes les catégories de Chinois», reprend le gouverneur Y Sokleng : «Et ces gens s’installent, ont besoin d’infrastructures et d’équipements. Alors les prix de l’immobilier s’envolent. Il y a encore deux-trois ans, des terrains se vendaient à 50-60 dollars le mètre carré. Il faut compter plus de 1 500 dollars aujourd’hui.»
Une vue aérienne de la piscine et la plage de l’hôtel-casino Xihu. PHOTO THOMAS CRISTFOFOLETTI. RUOM
Ce matin, on frappe à la porte de Laimi International, une agence immobilière qui fait également du conseil en investissement non loin de la plage d’Otres, en prétextant vouloir louer un local pour un petit restaurant. Sieng Neng, un Khmer qui parle mandarin, et sa manager, Yang Yu Fei, une Chinoise fine aux ongles pailletés, ne sont pas très optimistes. «Si vous faites un restaurant pour les Blancs, ce sera compliqué de faire des affaires, prévient Sieng Neng, pressé et affairé dans son polo bleu aux couleurs de Laimi. Car ici, c’est pour les Chinois. Ils vivent là et consomment chinois, ils sont nombreux. Regardez autour de vous, tous les restaurants sont chinois.» Un peu au doigt mouillé, Sieng Neng calcule qu’il faut au minimum compter 1 600 euros par mois pour un petit local de 20 mètres carrés. Yang Yu Fei acquiesce.
Jupe stricte, escarpins et chemisier bleu, la jeune femme nous met sous les yeux une belle brochure couleur et papier glacé pour un immense parc immobilier qui n’existe que sur le papier pour l’instant : le Pearl City Xinh Sha Bay. Soit une poignée de hautes tours hébergeant de grands appartements lumineux avec vue sur la mer, des jardins et de l’espace. «Il y a plein de projets de coopérations entre constructeurs et agences immobilières, assure-t-elle. Des milliers d’unités sont prévues pour des clients chinois. Il faut bien faire attention aux contrats, mais si vous achetez maintenant, vous allez gagner de l’argent. Par exemple, si vous mettez 40 000 dollars maintenant, dans trois-cinq ans, vous pouvez revendre et récupérer facilement 100 000. Mais il faut faire vite car les prix montent.» Elle propose de visiter un appartement-témoin dès cet après-midi. Vite, car le dragon ne dort jamais.
Cam Bốt – Trung Quốc : Mối liên minh mờ ám
Anh Vũ Từng dung túng, nuôi dưỡng chế độ diệt chủng Pol Pot, giờ đây Trung Quốc đang đóng vai nhà tài trợ lớn cho Cam Bốt. Thời gian gần đây, quan hệ Bắc Kinh và Phnom Penh được dư luận quốc tế chú ý nhiều. Nhật báo Pháp Libération hôm nay dành cả trang quốc tế để nói về mối quan hệ này qua bài : « Trung Quốc – Cam Bốt : Mối liên minh mờ ám ».
Libération nhắc lại chuyến thăm Bắc Kinh của thủ tướng Cam Bốt Hun Sen cách đây ít ngày. Tờ báo viết : « Tại Đông Nam Á, Hun Sen là người bạn lớn của Trung Quốc. Trong 3 ngày, từ 20 đến 23/01, ông đã được chiều chuộng, được tiếp đón như khách danh dự của chủ tịch Tập Cận Bình. Đến để xin đầu tư thêm cho đất nước mình, nhân vật đầy quyền uy ở Cam Bốt đã trở về với 588 triệu đô la mà Bắc Kinh hứa sẽ rót cho Phnom Penh đến tận năm 2021 ».
Trong khi dưới cái nhìn của phương Tây, Hun Sen là nhân vật khó chơi, tham quyền cố vị, cai trị đất nước bằng bàn tay sắt, thì Trung Quốc lại thấy ở ông ta một đồng minh quý giá, nếu không muốn nói là một kẻ gọi dạ bảo vâng. Nhật báo Pháp nêu dẫn chứng: theo yêu cầu của Bắc Kinh, Hun Sen đã bác bỏ mọi ý tưởng đòi độc lập của Đài Loan (Ghi trong thông cáo chung của chuyến thăm). Với dự án Con đường tơ lụa mới, Tập Cận Bình biết rằng ông có thể tin tưởng vào Hun Sen để thâu tóm cảng Sihanoukville, nhằm kiểm soát tuyến đường giao thương ở eo biển Malacca và bảo đảm có thể bao quát cả vùng Biển Đông.
Theo Libération, Trung Quốc hiện diện sâu rộng ở Cam Bốt. Từ năm 1994 đến 2017, Trung Quốc đã đổ vào Cam Bốt 12,5 tỷ đô la đầu tư cho các công trình hạ tầng cơ sở và công nghiệp. Từ khi Tập cận Bình lên nắm quyền cuối năm 2012, mối quan hệ với Cam Bốt lại càng được tăng cường. Hiện có 200 nhà đầu tư Trung Quốc tại Cam Bốt. Hồi tháng 6 vừa qua, Bắc Kinh đã viện trợ 100 triệu đô la cho Phnom Penh để hiện đại hóa quân đội. Sự xích lại gần nhau về mặt quân sự giữa Trung Quốc và Cam Bốt đang khiến dư luận không khỏi lo ngại về vai trò của Bắc Kinh trong vịnh Thái Lan.
Mối « quan hệ đặc biệt » này, như Hun Sen đánh giá, không lọt qua sự chú ý của Mỹ. Libération nhắc lại hồi tháng 11, trang báo mạng Asia Times quả quyết rằng một căn cứ quân sự rộng 45 ha, với một cảng nước sâu đang được xây dựng trên đảo Ko Kong, ngoài khơi Sihanoukville. Thông tin này khiến phó tổng thống Mỹ Mike Pence đã phải viết một bức thư cảnh cáo tới Hun Sen. Thủ tướng Cam Bốt đã phải dẫn cả Hiến Pháp Cam Bốt không cho phép nước ngoài làm căn cứ quân sự để thanh minh với Mỹ. Thế nhưng, theo nhật báo Pháp, « công trình trị giá 3,8 tỷ đô la do Tianjin Union Development Group đầu tư vẫn đang tiến hành. Tập đoàn Trung Quốc bắt đầu công trường này từ năm 2008 và được quyền thuê đất 99 năm ».
Sihanoukville : Lãnh địa Trung Hoa trong lòng Cam Bốt
Libération có bài phóng sự điều tra dài về công trình trên để cho thấy thành phố biển Sihanoukville đang trở thành lãnh địa Trung Hoa trong lòng Cam Bốt như thế nào.
Tác giả ghi nhận từ hai năm trở lại đây, thành phố cảng có 150 nghìn dân này đang thay hình đổi dạng từng ngày. Hàng nghìn người Trung Quốc đang làm việc ngày đêm tại đây. Sihanoukville thực sự là một đại công trường, một cỗ máy tiêu tiền. Chỉ trong 2 năm 2016-2018, Trung Quốc đã đổ vào hơn 1 tỷ đô la đầu tư ở thành phố này. Một sân bay, tuyến đường cao tốc chạy thẳng về thủ đô dài 225 km, một khu Chinatown của các công ty tư nhân và nhà nước Trung Quốc, hàng loạt khách sạn 5 sao có chủ người Trung Quốc đang mọc lên trong thành phố biển này.
Ở phía bắc Sihanoukville, phóng sự của Libération cho biết, một đặc khu kinh tế, với các nhà máy dệt may với hàng chục nghìn công nhân đang nuốt chửng các khoảng đất trống. Khu công nghiệp rộng 11km khi hoàn thành sẽ chứa được 300 xí nghiệp với 100 nghìn lao động.
Trong thành phố Sihanoukville có tới 88 sòng bạc được xây dựng, hiện đã có tới 40 nghìn người Trung Quốc sống tại đó. Trong các khu phố đó, người ta chỉ nói tiếng quan thoại. Đó là khu được gọi là « Macau 2 ». Người dân Cam Bốt vẫn hay gọi đó là « thuộc địa » hay « lãnh địa » Trung Hoa trong đất người Khmer.
Made in China 2025 để vươn tầm thống trị kinh tế thế giới
Vẫn liên quan đến Trung Quốc, phụ trang kinh tế của báo Le Monde đề cập đến « cuộc tấn công công nghiệp của Bắc Kinh để chinh phục thế giới ».
Với tiêu đề « Giấc mơ tự cung tự cấp Trung Hoa », Le Monde cho biết với chương trình Made in China 2025, Bắc Kinh có tham vọng nâng tầm nhiều ngành công nghiệp. Nhưng hàng tỉ đô la trợ cấp và các số liệu mục tiêu đang gây tranh cãi ở trong và ngoài nước.
Hoa Kỳ và châu Âu sợ rằng chương trình trên của Trung Quốc dựa trên hàng tỷ đô la trợ cấp của Nhà nước là nhằm mục tiêu tới năm 2050 Trung Quốc sẽ vươn lên thống trị kinh tế thế giới. Theo Le Monde, rất có thể đây chính là căn nguyên của cuộc chiến thương mại do tổng thống Mỹ Donald Trump phát động. Chương trình Made in China 2025 được Bắc Kinh khởi xướng từ năm 2015 liên quan đến 10 lĩnh vực chủ chốt, từ các công nghệ tin học cho đến trang thiết bị năng lượng, từ lĩnh vực sinh dược đến giao thông. Bắc Kinh hy vọng chương trình này sẽ giúp Trung Quốc giảm bớt sự lệ thuộc và nước ngoài. Nhưng Mỹ tố cáo đó là chương trình đánh cắp công nghệ dưới sự hỗ trợ của nhà nước để cạnh tranh không lành mạnh.
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